La terre tourne rond,
On nous l’a dit cent fois
Quand on était petits.
Moi, je n’y croyais pas,
On me disait vilaine,
Ca m’faisait de la peine.
J’me prenais à rêver
Qu’elle jouait à danser
Sur des sentiers d’étoiles
Ou qu’elle s’amusait
A hisser la grand’voile.
J’fermais les yeux tout grands
Pour être du voyage,
De tous les océans,
Au dessus des nuages.
Chaque nuit, chaque jour,
Je partais faire un tour
Sur d’autres continents,
J’voyais des paysages,
J’en avais plein la tête,
Je comptais les planètes.
Y’en avait toujours d’autres
Et je savais qu’un jour
J’finirais par trouver
Enfin la vérité.
 
La terre tourne rond,
On nous l’a dit cent fois
Quand on était petits.
Moi, je n’y croyais pas.
 
Fallait pas être malin
Pour voir qu’on nous mentait,
Qu’on promettait la lune
Pour mieux nous endormir.
Y’en avait de l’espoir
Dans nos cœurs de quinze ans !
On allait tout changer,
Jamais on rechignait
A brandir l’étendard.
On se faisait diseurs
De la bonne aventure,
On avait dans le cœur
Des idées de bonheur,
On y croyait si dur,
On avait l’âme pure
On voulait pas, c’est sûr,
Qu’elle nous fasse le coup,
La terre,
D’encore tourner si ronde
Et bien encaustiquée.
On n’aimait pas l’cirage,
Nous on voulait du brut,
Surtout pas d’fioritures !
 
La terre tourne rond,
La terre tourne en ronde,
J’ai la tête au carré.
Regardez les passer,
Les rapaces du monde,
Les souris interlopes,
Z’en ont rien à cirer
De cette terre immonde !
 
Ce soir,
J’ai des idées noires,
Des cafards dans ma tête,
Des bruits de couloirs,
Des mots à demi-voix,
Des murmures étouffés
Remontent à ma mémoire.
Des sourires ondulés
Ricanent doucement.
Le pur azur n’est plus,
Voici déjà l’automne
Tirant ses voiles grises
Sur un bonheur perdu.
La roue tourne toujours
Et la terre avec elle,
Et le manège fou
N’en finira jamais
De lancer à qui veut
Ses pompons poisonnés.
 
La terre tourne en rond,
J’ai la tête au carré
Et voudrais la poser.
 
Chris Coulon
 

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