| - GRIS D’ACIER,
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- Les regards en amande
- Se fendent.
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- Dans le conscient
- De l’inconscient
- Se fixent les images
- A jamais.
- Les visages sont des livres
- Aux pages cellophanes,
- Des vies entières
- A écouter.
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- Ton histoire n’est pas écrite
- A l’encre bleue.
- Elle te colle à la peau,
- Elle coule sous tes yeux.
- Je l’entend pleurer,
- Il suffirait d’un peu
- Pour qu’elle dise un mot,
- Un seul.
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- D’un geste machinal,
- Les mains aux doigts vernis
- Trituraient sans répit
- Les franges d’un châle banal.
- Je l’observais du coin de l’oeil.
- Les yeux noyés
- Dans le vague de ses pensées
- Remontaient à la surface
- D’un présent fugace,
- S’arrimaient aux aiguilles
- De l’insupportable pendule.
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- Le temps emporte le vent.
- La pluie a cessé de tomber.
- A l’horizon factice se glisse
- Une lumière d’or.
- Dehors,
- La danse des perles irisées
- Se prend à dessiner
- Sur la toile de fond
- L’arc-en-ciel triomphant.
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- Elle a quitté le châle,
- Les mains sont immobiles,
- Le visage un peu pâle.
- D’un battement de cils
- Le regard se balance
- Au tic-tac infernal
- De la pendule hostile.
- Les mains, d’un coup s’agitent
- Et se mettent à fouiller
- Le fond du sac de toile
- Comme on fouille sa vie.
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- Rien n’est sorti de là
- Et je ne saurai pas
- Ce qu’elle attendait.
- Les heures avaient tourné.
- Soudain elle s’est levée,
- A payé son café,
- Puis est partie sans bruit.
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- Dans le conscient
- De l’inconscient
- Se fixent les images,
- A jamais.
- Les visages sont des livres
- Aux pages cellophanes,
- Des vies entières à raconter.
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