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Il n’y a pas de nuits sans hommes pour décrocher la lune. Ce soir c’est moi. Il n’y a pas de nuits sans étoiles pour faire rêver un homme. Ce soir c’est toi.
Au loin la tendre lueur d’un feu de camp.
Au si loin la pâle idée d’un rêve qui fout le camp.
Ce soir c’est du lointain de mon être que des notes semblent naître. Résonne en moi la nuit. Chante au fond de moi le feu. Je brûle d’un rêve clair et les vagues la nuit la mer et la lune. Je brûle un rêve amer d’étoiles et de clochers, de voiles et de fumée. De t’aimer. Où je suis : loin d’ici. Je résonne là où résonne le chant perdu de notre âme blanche. C’est tout ce qu’il reste cette fois, c’est tout ce qu’il me reste. Je ne peux en vivre loin de toi. Demain viendra me brûler les ailes et blanchir mes cheveux, les chevaux blancs c’est raté, de peu, mais les mots sont si cruels quand ils nous rappellent à eux ; dès lors on se souvient qu’ils sont précis et que la vie leur appartient... encore.
Il faut toujours une phrase quelque part pour que tout se termine. Pour que tout recommence, les lettres ont si mal que leurs mots font des lettres et les pages se remplissent, se brûlent et s’envolent. Des ailes de papier, mon pauvre Icare aux plumes d’encre et l’espoir te semble écrit au-dessus des nuages. Te suffisent-ils tous ces mots à te sauver du destin. Il faut toujours une phrase quelque part pour que tout s’arrête, se fige, se glace. Pour que toute histoire s’efface de l’homme et entre dans un livre. Se cristallise. Les instants demeurent prisonniers des verbes et le Verbe du commencement et puis, plus rien. Il faut toujours une phrase quelque part pour en rester là... et s’évader.
 
Je prendrai la mer sur le chemin des étoiles
Je toiserai les hommes du sommet de la hune
Cristallis’rai les vents dans les creux de nos voiles
Sous le silence noir où s’accroche la lune.
 
Grégoire LORTHOIS - février 2004