Trois poèmes lunaires du matin
 
Il me semble bonjour
vous n’avez que la nuit pour moi
au besoin veuillez
s’il vous vous en
revient
me rapporter
péchés dans le ruisseau
le robinet des larmes
un guidon de vœux.
 
chassés par la raison
les nuages les plis
frisson funèbre
une cour muette
de fleurs penchées
– milliard de corolles –
cette politique du regard
sur la naissance d’une
petite idée emmaillotée
et l’opinion publique
fée marraine.
 
camuse l’occasion
vous dirige en bateau
dites-moi le pluriel
de cette caresse
quand vous descendez la rue
en cheveux
on ne répète pas
ce qui ce que donné
à jamais c’est cela hein
que vous ne dites pas
avec votre air
d’être la seule
à faire des bulles en marchant.
 
28 janvier-4 février 03
 
 
Puisqu’il faut qu’un fil invisible
nous joigne par lequel
– nous appelant – tu me dis
ta blessure d’abandon masqué sache
que jamais je ne pourrai mourir
dis-toi que je ne puis
partir plus loin que la ville à côté
sans revenir le jour même je ne peux
me rendre dans le centre ou passer le canal
il me faut retourner à l’heure nécessaire
et parce que tu l’as voulu.
 
12.12.02 – 27.12.02
 
ce soir pour l’érotisme il suffira d’avoir
L’autre jour posé sans plus y penser
Et pour faire play la main
Sur une épaule et d’une femme
 
Jolie, d’avoir senti sous l’étoffe
Une inscription dans la chair
D’une finesse incisive
Comme en peu de mots élastiques le rappel
Du sous-jacent
qui brûle.
 
3.12.02
 
 
Critique (toujours) de la poésie
 
– J’ai entendu tomber la nuit comme un oiseau s’abaisse sur le tapis des champs
(voix blanche, sans intention, en écho, telle la voix doctorale du spécialiste)
– vous avez entendu la nuit
– j’ai assisté à l’agonie du jour, soleil poignant, larmes de sang
– vous avez assisté impuissant à fin du jour.
– j’ai vu le vent s’incliner, perdre son arrogance devant le frémissement de la pluie
– vous avez senti le vent
– j’ai vu dessous le réverbère se retirer la pluie à petits pas d’aiguille, le doigt en l’air tenant sa robe de lamé
– vous avez vu la pluie se retirer
– je suis je pense un visionnaire un artiste un poète
– vous êtes, pensez-vous, poète, artiste, visionnaire.
 
Pierre Herlent .13 janvier 2003 – 4 février

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