Sur le trottoir d’en face,
Ils passent.
Ils arrivent d’hier
Et s’en vont vers demain.
Ils ont dans leur besace
Le poids du temps passé.
Certains ont le pas vif,
Le regard acéré,
Ils tracent.
D’autres traînent les pieds...
A quoi bon se presser.
Leurs manteaux sont râpés
Comme leurs existences,
Souffrance.
Hier, c’était l’enfance,
On la voyait grouiller
La troupe des gamins
Malins.
Dans la cour de récré,
Y’avait déjà les forts,
C’était pas les plus durs.
Et puis les p’tits futés
Qui fomentaient des plans
Pour s’en sortir toujours
Gagnants.
Y’avait aussi les doux
Qui ramassaient des feuilles
Et usaient tout leur temps
A les faire voler
Dans le vent.
Ceux-là n’étaient jamais
Au milieu du baston
Mais, parfois ils pleuraient
De prendre dans le cul
Des coups
Perdus.
Je regardais leurs yeux,
Je regardais leurs fronts,
Déjà, je les voyais plus tard.
Eux vivaient dans l’instant,
Derrière leurs paupières
Y’avait que des hier,
N’avaient pas le souci
De penser à demain.
Ce soir, sur le trottoir d’en face,
Ils passent.
Et je les reconnais,
Les mêmes.
Dans les belles histoires,
On vous raconte encore
Que les hommes sont beaux
Et qu’ils sont tous égaux,
Qu’ils sont intelligents,
Que c’est bien mieux qu’hier,
Que le progrès avance.
J’y pense...
J’ai du louper un tome,
Rater un épisode.
Tu peux me raconter ?
 
Chris Coulon

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