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Tiroirs
 
Puis vint enfin le temps d’ouvrir le grand livre de vie
La vie d’ici, les années passées
Enfouies dans un tiroir de bois,
Caverne d’Ali-Baba d’existences mêlées,
Boucles d’or des fillettes espiègles
Dormant dans les enveloppes jaunies.
Fermer les yeux et fourrer le nez dans l’espoir
De retrouver une odeur d’antan.
Effeuiller doucement comme l’on pourrait tourner
Les pages d’un livre en papier de soie, fragile
Surtout ne pas aller trop vite,
Toucher de près l’une après l’autre
Ces choses endormies,
Photos d’hier et d’avant-hier à ranger, c’est sur
Dans l’ordre un jour prochain, plus tard.
Mettre au creux de la main l’objet anodin,
Tiens, ce petit Père Noël, tu sais,
Celui devant lequel tu as fait tes premiers pas,
Pour toujours.
S’attendrir aux cahiers d’écriture,
Pleins et déliés appliqués, il y a si longtemps.
Déplier les mots tendres échangés,
Coquillages ou plumes d’oiseau ramassés,
Trésors partagés, colifichets de toutes sortes,
Joyaux sans prix contre tout l’or du monde.
 
C’est une histoire comme tant d’histoires
Qui s’écrit dans ce tiroir endormi.
 
Chris Coulon - mai 2004