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POÈME ABSURDE
A L’INTENTION DES AMATEURS DE PÂTES ALIMENTAIRES
 
Elle pensa : “ C’est beau, la liberté ! “
Là, plantée devant le rayon des nouilles en tout genre,
Son regard naviguait de plumes à vermicelles,
Entre nids d’hirondelles.
 
C’était donc ça, le vrai bonheur !
 
Spaghettis, macaronis, papillons, coquillettes,
Alignés comme myriades d’étoiles,
L’interminable tête de gondole n’avait de cesse
De dérouler son cortège infini de ravioles fourrées
Aux effluves d’ailleurs.
 
Tanguez ! tagliatelles,
Tortillez ! tortellinis,
A la morue ! comme à Venise.
 
La tête se mit à tourner, les gondoles à gondoler.
Brandissant l’étendard de sa lasagne verte,
Spaghetti bolognèse pensa qu’il était temps
De partir à l’assaut de ce troupeau infâme
D’escargots blêmes.
 
Barrez ! cannelonis, la route aux alphabets mythiques
En bouillon de volaille.
Volez ! papillons, à la rescousse
De ces torsades sans olives.
 
La guerre !
C’était la guerre des nouilles.
 
La gondole gracile soudain s’évanouit,
Et sous ses yeux hagards ne restait plus ce soir
Qu’un bizarre étalage de paquets transparents,
Sans âme.
Des nouilles au kilomètre !
 
Qu’il est bon de choisir !
C’est ça , le vrai bonheur ?
 
Chris Coulon - décembre 2003