| - Quand on se met à regarder
- Avec lenteur
- Les choses autour de soi,
- Surgissent des images,
- Vous viennent des histoires
- L’escalier, tiens !
- Justement.
- Avec ses marches mordues
- Par les années de pas,
- Pied droit, pied gauche,
- Lustres d’usure.
- Cet escalier foulé
- Depuis des siècles.
- Fermer les yeux,
- Et voir.
- Ce vieux, tiens, au pas lourd,
- Moulu par les heures
- D’un labeur sans fin,
- Le pied en galoche,
- S’accrochant à la rampe,
- Ne sachant s’il allait
- Encore une fois pouvoir
- Les gravir toutes
- Avant de s’effondrer
- Sur la paillasse austère.
- Ce vieux, quelle vie
- Fut la sienne ?
- Jeune, il avait dû l’être
- Et gravir deux à deux
- Les marches de l’Eden
- Pour aller rejoindre
- Là-haut sa belle amoureuse
- Dans les draps frais
- Aux odeurs de printemps.
- Enfant, peut-être, déja,
- A quatre pattes, il avait
- Bravé l’insolent édifice,
- Jour après jour,
- Une marche de plus.
- Victoire au sommet !
- Escalier vermoulu,
- Marches cintrées en plein coeur.
- D’autres, peut-être, un jour,
- L’ont descendu pour lui,
- Le vieux aux pieds devant,
- Chaussures cirées de près
- Ne touchant plus le sol,
- Dans sa chemise de carton
- Et sa boîte en bois blanc.
- Ce vieux, je ne le connais pas.
- Peut-être même qu’il n’existe pas.
- Mais,
- Quand on se met à regarder
- Avec lenteur
- Les choses autour de soi,
- Surgissent des images,
- Vous viennent des histoires,
- Et l’on voit des visages,
- Et l’on fait des histoires
- Avec des bouts de rien.
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- Chris Coulon
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