| - Parfois le poète se tait.
- Pour chanter
- Ne trouve plus les mots
- Qui jadis
- A tue-tête
- Enchantaient la planète.
- Aujourd’hui, la parole est muette.
- Finie la fête
- Des prés en fleurs,
- Chants d’oiseaux sont éteints.
- Ne filent plus magiciennes
- Étoiles des galaxies anciennes.
- L’horizon s’obscurcit.
- Les perles de rosée
- Ne sont plus les colliers
- Qui dansaient alors
- Sur les étoffes d’or.
- Il sortait de sa poche
- Quelques mots de hasard,
- Les tricotait ensemble,
- En faisait des dentelles
- De lunes en ribambelles,
- De brises en trémolos,
- Tendait les yeux au ciel,
- Trouvait que c’était beau
- De n’avoir qu’à frôler
- Un peu plus haut l’azur
- Pour voir sur les lèvres
- Se poser des sourires.
- Il écoutait le vent
- Lui porter le message
- D’un printemps à venir.
- Il écrivait des pages
- De frais matins d’hiver,
- Crépuscules d’automne
- Ou langoureuses nuits
- D’un été sans fin.
- Sans cesse il récoltait
- Ce qu’il pouvait trouver
- De joies ou de bonheur,
- Trouvait toujours matière
- A dire une histoire légère.
- Les perles de rosée
- Ne sont plus les colliers
- Irisés.
- Là-bas, soudain,
- La pluie se grise
- D’un voile de fumée.
- Le vent n’apporte plus
- Le message d’un printemps
- A venir.
- Il va de sable en poudre.
- Les voix des femmes.
- Et ces images,
- Et ces images !
- Et puis ces gens qui disent,
- Qui disent et qui redisent
- Et qui se contredisent.
- Dans le vent, le poète
- Ne trouve rien de bon.
- Au fond de sa poche
- Les mots se révoltent
- Et pleurent en silence.
- Et parfois, le poète se tait.
Chris Coulon. 01/04/03
| |